les différents types de yoga:

définir le yoga, Entre souplesse et sagesses 

Cet article présente différents types de yoga et met en lumière la définition du mot yoga afin de vous aider à discerner ce qui est du yoga de ce qui n’en ai pas. 

De nombreux types de yoga ont émergé comme autant d’adaptations modernes, transformant bien souvent cette pratique philosophique millénaire, en un culte de la souplesse et de l’esthétisme corporel selon des critères assez réducteurs. Fort heureusement, de plus en plus de personnes prennent conscience qu’il existe une vraie déontologie liée à la pratique du yoga et à l’enseignement de celui-ci, bien qu’aucune réglementation ne soit en place.

Chaque professeur est donc plus ou moins auto-proclamé, à l’issue d’un cursus de formation pouvant aller de 50 heures de cours en ligne, à 500 heures de cours en présentielle avec supervision indiviuelle par un senior. Ainsi la dispatité des formations est frappante, le marché des cours de yoga l’est tout autant.

Yoga or not yoga, telle est la question ? Explorons différents types de yoga.

Voyons quels sont les types de yoga les plus répandus actuellement:

• Le viniyoga est une approche contemporaine du yoga traditionnel adaptée à l’occident. Ce type de yoga a été transmis par TKV Desikachar qui eut comme professeur, son père T. Krishnamacharya,  durant toute sa vie. Sa pratique est fondée sur un principe: le yoga doit être adapté à l’individu. L’accent est mis sur la pratique posturale étroitement liée à la respiration.
• Le hatha yoga est une forme qui se concentre sur les postures physiques d’une part et les techniques respiratoires d’autre part. Il est souvent considéré comme le yoga traditionnel.
• Le ashtanga yoga, diffusé par Pattabhi Jois, élève de T. Krishnamacharya jusqu’à l’âge de 25 ans. Ce type de yoga  est dynamique et rigoureux, assez ressemblant au ṣṛṣṭi krama enseigné aux enfants et aux jeunes adultes, à la différence qu’il suit des séries de postures prédéterminées. On dénombre 6 séries chacune liée à un niveau de pratique. La progression se fait toujours dans le même ordre, de la série primaire vers la série intermédiaire, ect.
• Le yoga Iyengar est le style de yoga enseigné par B.K.S. Iyengar également élève de T. Krishnamacharya durant son adolescence. Ce style met l’accent sur l’alignement précis des postures et utilise souvent des accessoires comme des blocs, des sangles et des couvertures pour aider les pratiquants à atteindre la forme traditionnelle de la posture. L’aspect respiratoire durant les postures y est peu abordé.
• Le yoga vinyasa aussi appelé « flow yoga » est caractérisé par un enchaînement de postures presque chorégraphiées. Il est souvent décrit comme intense et sportif demandant d’emblée une bonne coordination, suffisamment de force et de souplesse.
• Le yoga Bikram introduit par Bikram Choudhury. Ce type de yoga se nomme désormais « hot yoga » ou « yoga chaud ». Pratiqué dans une salle chauffée à 40°C avec une humidité de 40%, il consiste en une série de 26 postures et deux exercices de respiration.
• Le yin yoga Cette pratique serait née aux Etats-Unis à partir de 1970 et plusieurs noms ressortent quand on en cherche l’origine, Paulie Zink, Paul Grilley, Berny Clarck. Le concept est un croisement entre des principes taoïstes, des arts martiaux et de la médecine chinoise. Les postures sont maintenues pendant plusieurs minutes.
• Le power yoga serait né aux Etat-Unis en 1980 d’un partiquant de ashtanga qui souhaitait sortir du cadre des séries imposées par cette pratique. Cela donne naissance à un un style plus moderne et athlétique dérivé du ashtanga yoga mais avec plus de flexibilité dans les séquences de postures.

Toute ces formes de yoga sont initialement fondée sur la philosophie qui en est la source. Toutefois, on constate bien souvent dans les cours de yoga, une inégalité de connaissance de cette philosophie millénaire et de son application pratique sur un tapis. C est bien dommage car c’est elle qui offre le cadre déontologique qui devrait encadrer toute transmission du yoga.

C’est donc ainsi que l’on a vu apparaître le « rage yoga » qui consiste à proférer des jurons et à crier tout en pratiquant des postures. Le « puppy yoga » qui permet de jouir de l’affection de chiots durant la pratique des postures. Cette pratique est désormais interdit dans certains pays, considérant le bien-être animal plus important que le plaisir éphémère des pratiquants. Le « goat yoga« , ou même le « beer yoga » font aussi le beurre de certains commerçants. Le yoga, bien que de plus en plus répandu, est de plus en plus méconnu et devient trop souvent source de dérives, parfois risibles, parfois tristes, mais également dangereuses.

La connaissance réelle du yoga, discipline de sagesse impliquant à la fois le corps et le mental, reste finalement assez méconnue du grand public qui ne peut que s’y perdre. Pour comprendre ce qu’est le yoga et afin de discerner les pratiques cohérentes des pratiques aberrantes, il faut se pencher sur la définition même du mot « yoga ».

Yoga, ça veut dire quoi ?

Yoga est un mot sanskrit. Le sanskrit est une langue ancienne indo-européenne ayant des origines commune avec le latin. On retrouve le mot yoga dans de nombreux textes de l’Inde ancienne comme la Baghavad Gīta ou les yoga-sūtra de Patañjali.

Définition du mot yoga ?

La compréhension du yoga nécessite de s’intéresser aux textes dans lesquels il prend sa source.
Dans l’objectif de rester à la portée de tous, seuls 2 textes déjà assez connus du grand public serviront ici. Mais il est intéressant de savoir que d’autres textes comme les upanishad les veda et le vedanta donne la direction à suivre quand il s’agit de yoga.

Définition du yoga dans les yoga-sūtra de Patañjali et dans la Baghavad Gīta

Le premier chapitre des yoga-sūtra de Patañjali explique le yoga comme étant un état de conscience supérieur menant à l’action parfaite. Ce chapitre s’adresse aux personnes déjà très avancées sur le chemin de la liberté intérieure, capablent de traverser la vie et ses aléas dans un état de parfaite stabilité physique, physiologique et émotionnelle. La Baghavad Gīta offre la même définition avec l’idée d’un état de parfaite maîtrise de soi. Il s’agit d’agir en pleine conscience, en pleine possession de ses moyens, dans une attention et une présence totale en toutes circonstances. Alors, l’action produite n’apporte que de bons résultats.

Le second chapitre des yoga-sūtra de Patañjali s’adresse aux personnes en quête de mieux-être. Il concerne donc celles et ceux qui, dans l’idée de moins souffrir, ont pris conscience de l’effort personnel à fournir et cherchent une méthode pour pour y parvenir. La réfléxion y est portée sur les relations de causes à effets de nos propres comportements. Il s’agit d’apprendre à discerner ce qui engendre et entretien une partie de nos souffrances, de ce qui nous aidera à les quitter. Se mettre en route vers un espace intérieur plus heureux, en acceptant de petit à petit, se défaire de ce qui nous encombre, c’est l’idée du yoga ici. Les proposition sont concrètes et suggèrent de commencer par entretenir notre santé physique et mentale mais aussi d’améliorer nos relation à soi et au monde.

Dans ce second chapitre, le mot yoga y est donc employé comme une méthode à suivre.

Le mot yoga prend alors la double signification de méthode et de résultat puisqu’il donne à la fois le chemin à emprunter qui se nomme « yoga“ et l’état final de réalisation de soi qui se nomme « yoga“.

Dans le dictionnaire « sanskrit héritage » les définitions du mot « yoga » sont: « véhicule, équipement ; moyen, méthode ; convenance; contact ; union, jonction ; zèle, soin ; concentration d’esprit. »

Le mot yoga provient de la racine du mot « yuj » qui signifie « joug » en français, soit l’outil permettant d’atteler les chevaux à la charrette. « Yuj » en sanskrit signifie: « joindre, unir, attelé à, compagnon, associé. »

Ainsi, le yoga peut être défini par l’idée qu’il faut s’atteler à quelque chose nous permettant de progresser vers une meilleure version de nous-même. Non pas dans l’idée de performer, mais bien dans l’objectif de nous aider à aller de mieux en mieux. Il s’agit d’améliorer notre qualité de vie en agissant nous même sur ce qui est à notre portée. Le yoga ne rendrait donc pas la vie meilleure, mais il nous rendrait meilleur pour avancer dans la vie!

« Yoga“ est donc un mot riche de sens qui prend différentes significations en fonctions du contexte dans lequel il est employé. C’est peut-être l‘une des raisons qui a mené à tant d’interprétations et à une si grande variété de pratiques. Cette variété le rend finalement peut-être plus accessible puisque dans la diversité, chacun peut y trouver son compte. Toutefois cette variété et la multiplicité des approches du yoga doit nous rendre vigilant afin de savoir discerner ce qui reste de l’ordre du yoga de ce qui n’en ai pas.

Yoga, éthique et santé: Pratiquer sans se blesser

Par son approche physique et mentale, le yoga doit renforcer nos constitutions physique et physiologique. Il doit aussi permettre de développer des ressources personnelles, psychologiques et émotionnelles, nous rendant plus capable de traverser les difficultés, la maladie et les aléas de la vie.
En gros le yoga doit nous rendre plus autonomes, moins asservi.

Cependant, les pratiques diverses et variées du yoga appellent à la vigilance et demandent aux professeurs de faire preuve de la plus grande éthique. Avoir une connaissance accrue de cette discipline et développer les connaissances fondamentale dans l’être humain, son fonctionnement physique, physiologique mais également psycho-émotionnel est obligatoire quand il s’agit de travailler au profit de la santé et dans le respect de l’être humain.

Concernant les pratiquants, il leur convient de conserver leur libre arbitre, d’observer si la pratique proposée est respectueuse de leurs besoins et capacités, et de vérifier le sérieux et les source de l’enseignement reçu.

Bien que le yoga se décline aujourd’hui dans de multiples formes, allant des plus traditionnelles aux plus exubérantes, tout le monde s’accorde à dire que le principe du yoga est simple: il s’agit de s’atteler fermement à quelque chose qui nous permet de quitter ce qui nous fait souffrir, afin de rejoindre un espace plus heureux. Encore faut-il être capable de discerner ce qui fait du bien de ce qui fait du mal, et souvent c’est là que le bas blesse. L’espoir de jours meilleurs pour une personne en souffrance, la rend plus vulnérable aux dérives et aux manipulations.

Produire un effort et nécessaire, mais forcer sur une structure anatomique pour l’assouplir, faire pratiquer des postures intenses sans préparation, donner un rythme d’enchainement ou de respiration sans connaître les antécédants ni les capacités initiales du pratiquant sont autant de pratiques irrespectueuses qui montrent la non connaissance même de ce qu’est le yoga.

Le yoga-sūtra de Patañjali III.6 donne une règle simple concernant la pratique et l’enseignement du yoga : « l’application [du yoga] se fait par étapes et dans le respect de chacun »
« Tasya bhūmiṣu viniyogaḥ ».

La proposition du viniyoga

La méthode « viniyoga » a été introduite par TKV Desikachar lorsque ce dernier a diffusé le yoga en Europe et aux États-Unis.
Il s’agit d’apprendre à adapter le yoga de manière individuelle et dans le respecter de celui qui le pratique. Pour cela le professeur guide à la voix, sans toucher l’élève, lui permettant ainsi de développer ses propres ressources. Le professeur ne montre que très rarement les postures, de manière à éviter la comparaison.  Un travail préférentielle est accordée à la respiration dans la réalisation des postures, amenant l’élève à prendre conscience de ses automatismes et à améliorer sa conscience corporelle. Le professeur apprend à observer l’élève avec attention afin de lui donner les meilleures indications, il s’agit de savoir adapter une consigne de manière précise afin d’en permettre la compréhension. Dans le viniyoga, la fonction d’une posture, ce à quoi elle sert, sera toujours prioritaire à la forme de celle-ci. Puisque chaque personne est doté de capacités différentes, apprendre à adapter la posture, non pas pour la réaliser quand même, mais bien pour amener à progresser pour en obtenir les bénéfices, c’est la priorité du professeur de viniyoga.

En conclusion nous avons vu différents types de yoga, il revient à chaque professeur de permettre aux pratiquant de commencer le yoga là où il se trouve, de renforcer les bases de la pratique pour les rendre inébranlables, de l’aider à avancer de manière progressive et de l’amener à consolider chaque nouveau niveau atteint pour passer d’un terrain conquis à un autre, vers une plus grande autonomie sur le tapis et dans la vie. Le yoga, c’est développer ses capacités d’adaptation et d’autonomie pour vivre pleinement dans le monde tel qu’il est, c’est apprendre à lâcher-prise, sans abandonner!